Pendant que nous regardions notre température et que nous surveillons notre toux, le Printemps s’est glissé d’un coup dans la ville. Cette nuit, il a plu des fleurs et les cerisiers de la rue Basse des Rives s’en sont parés. A l’université, les baies des amphis reflètent cette vague de pétales roses, rose des chemises de Mina, rose des joues d’Arthur après les jeux mouvementés dont il a le secret. Le monde entier semble le rêve d’une petite fille. En contrebas, le confinement a chassé du campus toute l’agitation étudiante et un grand silence baigne les lieux. Pourtant, les arbres ne s’étonnent pas qu’aucune femme ne vienne sentir leur parfum, que nul jeune homme ne cueille une branche vibrante de cette vie nouvelle, que pas un couple ne dissimule un baiser sous leur dôme monochrome et romantique. Indifférents, ils sont là, tout simplement, et nous signifient ainsi notre place minuscule dans la grandeur du Monde et, que nous y soyons ou non, assurent la suite des saisons et la beauté de l’impassible nature.
Jeudi 19 mars 2020 - François MAGUIN
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